La grippe espagnole à Granby

par Mario Gendron dans Santé | 10 commentaires

Cette année marque le 100e anniversaire d’une des plus funestes pandémies de l’histoire de l’humanité, la grippe espagnole. Prolongeant l’œuvre meurtrière de la Première Guerre mondiale, la maladie mortelle emporte entre 50 et 100 millions de personnes, dont 14 000 Québécois. Granby ne sera pas épargnée par le fléau, comme en témoignent éloquemment les registres de la paroisse Notre-Dame pour les mois d’octobre et novembre 1918, avec 58 décès pour les deux mois, soit environ quatre fois plus qu’en temps normal.

Le Bureau d’hygiène ordonne, par mesure préventive, de fermer le cinéma Varieties. (Collection André Robert, Société d’histoire de la Haute-Yamaska)

L’épidémie fait ses premiers malades granbyens au début d’octobre 1918. Même si on n’enregistre encore aucun décès, le Bureau d’hygiène ordonne, par mesure préventive, de fermer les écoles, le cinéma Varieties, le bureau de poste, les salles de billard et de quilles. La mesure, croit-on, ne devrait pas se prolonger plus d’une semaine. Mais avec 200 cas de grippe et déjà quelques morts au milieu du mois, le siège promet d’être long et difficile; on croit maintenant plus prudent d’enrôler les cinq médecins de la ville dans le Bureau d’hygiène. Malgré les mesures de prévention, le bilan du mois d’octobre est dévastateur : 13 morts et environ 200 personnes toujours atteintes. Le spectacle d’une ville où toute vie sociale a été mise entre parenthèses, et où une centaine de maisons ont été placardées avec l’inscription « Grippe-Influenza », se révèle, quant à lui, tout à fait désolant.

Les écoles Sacré-Cœur pour garçons (ci-dessus), la Présentation de Marie, pour filles et le Granby High School sont invitées à fermer leurs portes. (Fonds Pauline Lasnier, Société d'histoire de la Haute-Yamaska)

Les écoles Sacré-Cœur pour garçons (ci-dessus), la Présentation de Marie pour filles et le Granby High School sont invitées à fermer leurs portes. (Fonds Pauline Lasnier, Société d’histoire de la Haute-Yamaska)

Durant la première moitié du mois de novembre, le nombre des malades diminue, mais les cas de grippe qui s’ajoutent sont toujours aussi virulents et la liste des morts s’allonge. Avec encore une cinquantaine de personnes atteintes, le Bureau d’hygiène autorise l’ouverture des écoles à la fin du mois et la vie, lentement, reprend son cours. L’épidémie de grippe espagnole aura donc duré deux longs mois et emporté dans la mort, selon des estimations conservatrices, 25 des citoyens de Granby, soit presque autant que les deux guerres mondiales.

Mario Gendron

©Société d’histoire de la Haute-Yamaska

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  1. Gérald Ménard

    Bonjour a vous,

    J’aimerais savoir à quel endroit peut-on avoir la liste des décédés à Granby suite à cette grippe?

    Merci

  2. Julien Cabanac

    Très intéressant! Merci pour cette page d’histoire.

  3. Luc R. Bouchard D.C.

    Allo ….. allo ….. La mère de mon père, Madame Exilda Déragon ( Roméo Bouchard ) épouse de David Bouchard ( propriétaire de la Fromagerie Bouchard – chemin Roxton Pond – coins Rg 9 Est ) fut emportée par cette terrible grippe de l’époque, laissant dans le deuil, son époux David Bouchard, mon père Roméo ( 7 ans ) son frère Armand ( 4 ans ) et deux filles, les jumelles Annette et Anita ( 21 jours ) ….. ( difficile période pour la famille ) .

  4. Mario Gendron

    M. Gérald Ménard,

    Pour l’instant, il n’est pas possible d’obtenir directement cette information. On peut toutefois parvenir à une approximation du nombre de personnes ayant succombé à la grippe espagnole en comparant les registres de décès de la paroisse Notre-Dame, qui couvre Granby, pour les mois d’octobre et novembre 1918 avec ceux de l’année précédente. Cette source comporte évidemment l’inconvénient de ne considérer que les catholiques de la ville. Par ailleurs, le Granby Leader-Mail fait fréquemment le décompte des morts, mais sans les nommer spécifiquement. Quant aux archives du Bureau d’hygiène, elles n’ont pas encore été découvertes… si elles existent.

    Bonne recherche,

    Mario Gendron

  5. André Renout

    Sous l’une des images incluses dans cet article, on dit que, comme d’autres écoles, le « Granby High School » fut invité à fermer ses portes. Dans un autre article intitulé « Fonds École Présentation de Marie » (https://www.shhy.info/fonds-et-collections-d-archives/scolaire/fonds-ecole-presentation-de-marie), on peut lire: « Pour les anglophones, des études en anglais permettent d’obtenir le certificat final du High School. » Enfin, à l’adresse « https://photojrad.shost.ca/photos-historiques/monteregie/monteregie-autres-p02.html », on nous présente une photographie ancienne sous laquelle est inscrit « High School à Granby », High School dont le bâtiment ressemble étrangement au couvent des soeurs de la Présentation de Marie.

    Ma question est donc la suivante: d’après toutes les apparences, il semblerait que, dans le couvent des Soeurs de la Présentation, une section était réservée à des élèves anglophones qui recevaient leur éducation en anglais et à qui on remettait, à la fin de leurs études, un « certificat final du High School ». Ai-je raison?

    P.S.: Merci pour tous ces articles que vous mettez à notre disposition. C’est grandement apprécié!

  6. Pauline Robert

    On lit 58 décès au début de l’article et 25 à la fin. Quel nombre est réel?

  7. Mario Gendron

    Mme Robert,

    Si vous lisez attentivement, vous verrez que le chiffre 58 réfère à l’ensemble des décès enregistrés à la paroisse Notre-Dame pour ces deux mois,alors que le chiffre 25 rend compte du nombre approximatif des morts résultant directement de la grippe espagnole. Mais il y a fort à parier que le nombre réel des décès causés par la grippe soit bien supérieur à 25; dans la grande région de Granby, incluant Waterloo, Roxton Pond, Milton, etc., on peut l’estimer à une centaine.

    Bien à vous,

    Mario Gendron

  8. Mario Gendron

    M. André Renout,

    En réponse à votre question, vous avez tout à fait raison: les sœurs de la Présentation donnaient le cours secondaire (High School) en anglais, fort probablement à une majorité d’Irlandaises catholiques. Quant au Granby High School, il s’adressait exclusivement aux protestants.

    Par ailleurs, la photo exposée sur le site https://photojrad.shost.ca/photos-historiques/monteregie/monteregie-autres-p02.html montre bel et bien le Granby High School.

    Mario Gendron

  9. Luc R. Bouchard D.C. FICC

    Allo… allo… Bonne et Heureuse Année – Santé + Amour – avec en BONUS: les Dons et les Fruits de l’Esprit Saint.
    Je suis né le 25 octobre 1938, mes parents – ma maman – Cécile Lamothe – originaire du Canton de de Granby et mon papa Roméo Bouchard, fils de David Bouchard, propriétaire de La Crèmerie Bouchard, sise coins 9e Rang Est et de du chemin de Roxton Pond, Maire du Canton de Granby depuis 1937. J’ai demeuré sur la rue Court, en haut de l’Épicerie-Boucherie de Monsieur Alfred Bédard, père de Monsieur Roger Bédard, joueur de hockey et baseball. Mes parents ont déménagé au 5 de la rue Brébeuf, endroit ou leur deuxième garçon, Denis est né en décembre 1941. J’ai été Enfant de Choeur, durant plusieurs années, à l’Église Notre Dame. Avec les frères Caron (Luc et André), nous formions l’équipe des servants de messe, pour les grandes occasions… messe de 10.00 AM les dimanches, de même que pour les mariages et les funérailles. Je me souviens très bien, des bancs des enfants de Choeur. (Très beaux souvenirs)

  10. Jean-Guy Comtois

    Bonjour à vous,

    La grippe espagnole de 1918. Mon grand père Louis Napoléon Cadieux était embaumeur en 1918. Il aurait eu son entreprise de pompes funèbres et il est décédé de cette grippe le 30 novembre 1918. Il demeurait 30 rue Ottawa à Granby. Je cherche à quel endroit était situé son salon funéraire ? Je cherche photos ou articles de journaux 1918 se rapportant à son commerce et à son décès. Merci

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