P025 Fonds Société des éleveurs de bovins canadiens

P025

Fonds Société des éleveurs de bovins canadiens
– 1886-1980, 13 m de documents textuels, 469 photographies,
126 brochures.


Histoire administrative :
Extraits de : Andréa Saint-Pierre, Notes historiques sur la race bovine canadienne, présentées à l’occasion du cinquantenaire du livre généalogique de notre race bovine nationale, « La Canadienne », Société des éleveurs de bovins canadiens, 1936, 55 pages.

Premières inscriptions au registre de la race bovine canadienne. © Société d’histoire de la Haute-Yamaska, P025 Fonds Société des éleveurs de bovins canadiens

« Vers 1850, à l’exception de quelques troupeaux d’ayrshires situés dans les Cantons de l’Est et aux environs des villes, tous nos bestiaux étaient des descendants des premiers bovins importés au pays dès le début de la colonie, c’est-à-dire qu’ils étaient des pur-sang canadiens. Parlant des animaux qui existaient dans la province en 1850, le Dr Couture, fondateur de la Société Générale des Éleveurs de la Province de Québec, disait dans une conférence qu’il donnait à Ottawa le 5 février 1908, devant la convention de la Société des Éleveurs du Dominion :  » À cette époque, nous étions pauvres sous le rapport du nombre des animaux de ferme, (chevaux, bovins, porcs et moutons), mais nous étions riches sous celui de la qualité de ces animaux et, j’ai beau chercher parmi toutes les races du jour, je n’en vois aucune qui soit supérieure à celles de ce temps-là « . Parlant spécialement de la race bovine canadienne, il ajoutait :  » Douée de la santé robuste des races du nord, acclimatée par plus de trois siècles de séjour au pays, d’une frugalité incomparable, nulle autre race bovine ne possède, à elle seule, autant de qualités, ne répond mieux aux soins qu’elle reçoit et n’est plus profitable pour le commun des cultivateurs. »

Groupe d’éleveurs et d’administrateurs de la race bovine canadienne réunis le 12 mai 1925, à la ferme expérimentale de Cap-Rouge, lors de l’inauguration du mode d’enregistrement après inspection et tatouage. © Société d’histoire de la Haute-Yamaska, P025 Fonds Société des éleveurs de bovins canadiens

Si l’on tient compte de la qualité de nos animaux et des organismes agricoles dont le gouvernement venait de doter la province, il est évident que, dès 1853, l’on aurait pu entreprendre un travail qui eut été de nature à faire progresser notre industrie animale et cela en n’opérant qu’avec notre bétail indigène.

Au lieu de chercher à augmenter la taille de nos animaux au moyen d’une alimentation convenable, rendue possible par l’amélioration et l’augmentation de la production des pâturages, des fourrages et des céréales sur les fermes, ils décidèrent d’importer au pays des animaux de grande taille et de procéder à l’amélioration de notre bétail indigène en le croisant avec des animaux importés […]. La Chambre d’agriculture fit, aux dépens de l’État, l’importation d’animaux de grande taille que l’on croisa avec nos bovins canadiens, sans aucune considération; elle décréta qu’aux expositions les animaux importés recevraient des primes doublement plus élevées que les bovins canadiens et obligea les écoles d’Agriculture à ne garder que des animaux de races étrangères. Tandis qu’aucun argent n’était appliqué à l’amélioration du bétail du pays, le gouvernement payait en partie ou en entier l’achat du bétail ayrshire, shorthorn et jersey.

Classification de taureaux canadiens à Saint-Alexandre-de-Kamouraska, en 1930. © Société d’histoire de la Haute-Yamaska, P025 Fonds Société des éleveurs de bovins canadiens

Enfin, le 31 janvier 1883, le Conseil d’Agriculture de Québec en assemblée, donnant suite à la campagne qu’il avait entreprise et poursuivie depuis sa fondation, en 1857, dans le but d’exterminer la race bovine canadienne et de la remplacer par des races étrangères, décréta qu’il était défendu aux Sociétés d’Agriculture d’offrir des prix aux taureaux n’ayant pas de pedigree attestant indiscutablement qu’ils étaient de race pure. Comme, à cette date, il n’y avait pas de livre généalogique pour les animaux canadiens, ce décret visait tout particulièrement les taureaux de race canadienne.

Le but visé par cette nouvelle tentative du Conseil d’Agriculture était trop évident pour ne pas lui attirer de justes revendications ; aussi, cette mesure suscitait-elle des défenseurs à la race bovine canadienne, lesquels, dès lors, entreprirent de lutter pour sa conservation. Au nombre de ces défenseurs de notre race bovine nationale, il nous fait plaisir de rappeler, entre autres, les personnages suivants : M. E.-A. Barnard, commissaire agricole, fondateur de la Société d’Industrie Laitière et des cercles agricoles et instituteur du Mérite Agricole […]; M. S. Lesage, assistant-commissaire de l’Agriculture […]; M. J-C. Chapais, assistant-rédacteur du Journal d’Agriculture […]; MM. François Pilote, fondateur de l’École d’Agriculture de Sainte-Anne de la Pocatière, M. Gautier, député du comté de Bagot, qui, avec l’Honorable Dr J.-J. Ross, formèrent, au sein même du Conseil d’agriculture, un parti favorable aux enseignements agricoles de M. Barnard et à la conservation de nos races bovines et chevaline canadiennes.

Exposition de bovins canadiens à Saint-Hyacinthe, en août 1933. © Société d’histoire de la Haute-Yamaska, P025 Fonds Société des éleveurs de bovins canadiens

Comme à cette époque, vers 1883, les apôtres de M. Barnard luttèrent ardemment au Conseil d’Agriculture contre l’application des ordonnances préjudiciables à notre bétail et à l’avancement de notre agriculture, les auteurs de ces ordonnances tentèrent un dernier effort pour ostraciser officiellement les bovins canadiens en refusant de les primer aux expositions sans exiger un certificat de généalogie et en affirmant qu’il n’y en avait plus qui fussent de sang canadien pur. Cette affirmation provoqua une enquête qui révéla, qu’en 1883, environ 75 % de nos bovins étaient encore exempts de sang étranger.

Le 14 novembre 1883, le Dr Couture, dans une conférence qu’il donnait devant la Société d’Industrie Laitière sur le choix de bétail laitier, recommanda l’organisation de concours de production de lait et de beurre et l’ouverture de livres généalogiques pour la race canadienne.

Vaches canadiennes

Exposition de Saint-Hyacinthe, 1948. © Société d’histoire de la Haute-Yamaska, P025 Fonds Société des éleveurs de bovins canadiens

Lors de la convention annuelle de la Société d’Industrie Laitière, tenue au palais législatif de Québec le 11 mars 1885, le Dr Couture, dans une conférence qu’il donna à cette occasion en présence de l’Honorable Dr Ross, alors Premier ministre de notre province, démontra la valeur d’un livre généalogique et, après avoir exprimé le regret qu’un tel livre ne fut pas ouvert depuis cinquante ans pour la race bovine canadienne, il demanda de nouveau que l’on en ouvrit un sans plus de retard. Le premier ministre promit alors qu’il ferait amender la loi gouvernant l’agriculture, de façon à pouvoir autoriser la création de livres généalogiques pour les races bovine et chevaline canadiennes. En effet, à la session suivante de la Législature, la loi fut amendée de façon à permettre la création de livres généalogiques pour nos animaux canadiens (Acte 48, Victoria, Chapitre 7, article 1 061, paragraphe 10 des statuts refondus de la province de Québec).

Se prévalant immédiatement de cette nouvelle loi, ceux qui avaient à cœur de conserver comme un héritage précieux nos incomparables bovins et chevaux canadiens, travaillèrent immédiatement à la réalisation du vœu exprimé tant de fois par le Dr Couture et, enfin, le 16 décembre 1886, des livres généalogiques furent formellement ouverts pour les races bovine et chevaline canadiennes.

Nanette de Cap-Rouge

Nanette de Cap-Rouge-7909. © Société d’histoire de la Haute-Yamaska, P027 Société des éleveurs de bovins canadiens

Le 17 septembre 1895, le Dr J.-A. Couture, ayant fondé les Sociétés suivantes : la Société des Éleveurs de Bovins Canadiens, la Société des Éleveurs de Chevaux Canadiens, la Société des Éleveurs de Porcs de la Province de Québec et la Société des Éleveurs de Moutons de la Province de Québec, les livres généalogiques de ces espèces animales furent confiés à ces diverses Sociétés. Enfin, en 1905, lors de la nationalisation des diverses sociétés d’éleveurs du pays, les livres généalogiques de nos diverses races d’animaux furent confiés à la commission des Annales Nationales du Bétail, laquelle est composée de représentants des Sociétés intéressées et tient ses bureaux aux édifices du Ministère Fédéral de l’Agriculture, à Ottawa.

Depuis l’établissement du livre généalogique des bovins canadiens ceux-ci ont été admis et primés aux expositions. […] Un grand nombre de sujets furent inspectés et inscrits au registre de la race. Nos vaches Canadiennes prirent part à divers concours de production laitière, notamment au concours de Buffalo, où elles manifestèrent leur supériorité au point de vue de la production économique du beurre. Nos bovins de race Canadienne prirent part à beaucoup d’expositions provinciales ainsi qu’aux principales expositions des autres provinces du Canada et même à quelques expositions des Etats-Unis. […] Toutefois, il faut admettre que de 1886 à 1920 la race bovine Canadienne n’a pas progressé comme elle aurait dû le faire en vertu du dévouement de ses promoteurs, de ses mérites et de sa valeur, comparativement aux autres races bovines.

Panneau d’affichage de l’éleveur Roch Côté. © Société d’histoire de la Haute-Yamaska, P027 Société des éleveurs de bovins canadiens

[…] Si l’action des gouvernants se changea graduellement, de néfaste qu’elle fut, en action neutre, la rendant à peu près nulle pour l’avancement de la race bovine canadienne, l’impulsion donnée à la propagation des races étrangères, et tout particulièrement à la race ayrshire, continua de favoriser l’expansion de ces dernières. Les avantages accordés pour ces races influencèrent, sur le choix de la race à adopter, les premiers cultivateurs qui furent en mesure d’entreprendre l’élevage de bovins de race pure.

Il s’en suivit que la reproduction des bovins de race étrangère dans notre province ne put suffire à la demande, puis, le maintien du type idéal de ces races devenant impossible, à cause des conditions adverses à la nature, dans lesquelles on les maintenait chez nous, il devint de plus en plus nécessaire de faire des importations. Le commerce avec des éleveurs des pays d’origine de ces races devint intéressant et, alors, se déclencha dans la province le mouvement d’importation. L’attention que l’on accorda à ces nouveaux importés et à leurs descendants immédiats, aux championnats qu’ils remportèrent aux expositions et à leurs propriétaires-de grand mérite-fut telle que notre race bovine Canadienne fut presque totalement oubliée, même de ceux qui, de par leurs fonctions, avaient en main les destinées de l’industrie animale dans notre province. Aux expositions, la race canadienne était reléguée à l’arrière plan; dans l’enseignement, l’on n’en disait que ce que l’on en connaissait; maints conférenciers l’ignoraient même complètement, lorsqu’ils faisaient la nomenclature de nos races laitières recommandables; d’autres, enfin, n’en faisaient mention que pour manifester leur désintéressement, en même temps que leur ignorance à son égard.

Andrea Saint-Pierre est secrétaire de la Société des éleveurs de bovins canadiens à partir de 1931 et de 1940 à 1965, où il assume la direction de la ferme-école provinciale de Deschambault. © Société d’histoire de la Haute-Yamaska, P029 Fonds Société des éleveurs des chevaux canadiens

Telle est la situation dans laquelle se trouvèrent les dirigeants de la Société des Éleveurs de Bovins Canadiens vers 1925, ainsi que ceux à qui l’on confia la tâche de promouvoir les intérêts de cette Société, d’améliorer et de propager la race canadienne. »

Historique de la conservation :
Ce fonds représente la première de trois acquisitions qui ont permis de regrouper l’ensemble des archives de la Société des éleveurs de bovins canadiens, les deux autres étant les fonds P027 Fonds Société des éleveurs de bovins canadiens (Deschambault) et P030 Fonds Société des éleveurs de bovins canadien (Secrétariat de Sherbrooke). Cette partie, la plus importante en volume, provient d’un ancien secrétaire de la société, monsieur Réal Sorel, alors résidant de Roxton Pond. Ce sont les secrétaires, M. Réal Sorel (1986) et Jean-Guy Bernier (1989) qui ont agi pour la Société des éleveurs de bovins canadiens et en son nom.

Portée et contenu :
Le fonds, qui s’étale sur près d’un siècle, témoigne des efforts déployés par le Dr Joseph-Alphonse Couture et les supporteurs de la race bovine canadienne pour assurer la survie de cette dernière. Il atteste également du travail conjoint de la Société des éleveurs de bovins canadiens (SEBC) et des stations expérimentales provinciale et fédérale pour augmenter le rendement laitier de la race.

L’imposante documentation comporte une part importante de dossiers administratifs qui témoignent du dynamisme de la SEBC, tout particulièrement au milieu du XXe siècle, alors qu’elle pouvait compter sur 4 comités, 11 cercles d’élevage et le support financier des gouvernements. Aussi, les procès-verbaux, les rapports d’activités, les états financiers et les données statistiques concernent aussi bien le bureau de direction que les divers comités et les cercles. À ces documents s’ajoute une abondante correspondance échangée avec le ministère de l’Agriculture, des personnalités politiques (Maurice Duplessis, Adélard Godbout), les écoles d’agriculture, les agronomes, dont certains occupaient le poste d’inspecteur pour la Société, les journaux et revues, les éleveurs du Québec et d’ailleurs.

L’abondance des dossiers d’éleveurs de bovins canadiens (2 580), qui s’échelonnent de 1895 à 1975, avec le gros de la documentation portant sur les années 1920 à 1965, offre la possibilité d’étudier le profil de ces derniers et permet de les localiser à l’échelle nationale. Les meilleurs sujets de la race présentés aux expositions agricoles nationales, provinciales ou locales – Québec, Toronto, Sherbrooke, Rougemont, Saint-Hyacinthe, Waterloo et autres – peuvent être aisément retracés puisque chaque dossier d’exposition inclut des listes de participants et de gagnants.

Le fonds contient aussi les livres de généalogie de la race bovine canadienne, ouverts en 1886, les animaux primés et enregistrés aux livres d’Or et d’Élite, les rapports des tournées d’inspection, dont celle de 1895, les normes de classification, les documents relatifs au tatouage ainsi que de nombreuses photographies. On y trouve également des publications sur l’histoire de la race, des brochures publicitaires, l’Entre nous, le bulletin de la Société, des circulaires et des articles de journaux se rapportant aux bovins canadiens, en plus des nombreuses publications du ministère de l’Agriculture sur la culture et l’élevage en général. En conclusion, ce fonds contient une part importante de l’histoire de l’agriculture au Québec.

Répertoire numérique du fonds de la Société des éleveurs de bovins canadiens.

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