Le manoir Maplewood, un regard du XIXe siècle

par Marie-Christine Bonneau dans Architecture, Patrimoine | 4 commentaires

Le projet de la Ville de Waterloo de citer comme bien patrimonial le manoir/couvent Maplewood a soulevé l’intérêt du grand public et de la presse. Or ce n’est pas d’hier que les journaux s’intéressent au célèbre édifice, comme les deux articles qui suivent en témoignent. Le premier est publié dans le Waterloo Advertiser du 28 septembre 1865, à l’occasion de la fin des travaux de construction du manoir Foster; le deuxième paraît dans Le monde illustré, édition du 15 septembre 1894, soit une douzaine d’années après que la communauté des sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie ait acquis la somptueuse demeure et l’ait transformée en couvent.

Waterloo Advertiser, 28 septembre 1865

Nous avons récemment eu le plaisir de visiter le somptueux manoir dont le colonel Foster a débuté la construction, il y a quelques années, dans les bosquets près du dépôt de la gare de Waterloo. Cette construction a souvent été décrite dans les colonnes de notre journal et plusieurs en connaissent son apparence, son splendide emplacement et ses alentours élégants. Toutefois, ceux qui n’ont pas pu en observer l’intérieur, la maîtrise incomparable réalisée dans la menuiserie, le plâtrage des plafonds et la peinture, ne peuvent avoir qu’une infime idée du faste de la finition. La conception des dépendances est une merveille d’originalité et la finesse de la construction est tout à l’honneur de l’entrepreneur engagé par le colonel Foster, P. Lambkin.

Maintenant que la maison est presque terminée, que le son de la scie et du marteau a disparu, il ne reste que la touche de finition portée par la main habile et l’œil fin du peintre. La bibliothèque, entre autres, avec ses teintes sombres et opaques, doit ainsi sa magnificence à l’habileté de son peintre, monsieur Metcalfe. Ce dernier a su démontrer son immense talent dans ses techniques de grainage et de peinture, un savoir-faire qui se distingue dans toute la province. Quant aux travaux de menuiserie, ils ont été réalisés sous la supervision de monsieur  Lambkin, dont la renommée comme artisan de première classe n’est plus à faire : il nous serait d’ailleurs difficile de décrire la perfection avec laquelle il a réalisé ce projet. En plus d’être une fierté pour son propriétaire, ce bâtiment sera également une fierté pour tous les gens de Waterloo, et sera pour toujours le témoignage de l’audace du colonel Foster et du talent de monsieur Lambkin.

La planification et l’aménagement des commodités ne sont pas en reste dans ce projet de construction. L’eau est amenée à la maison par l’intermédiaire d’une pompe foulante et disponible dans presque toutes les pièces. Le circuit est aménagé de sorte qu’en cas d’incendie, il suffirait de quelques minutes pour submerger la bâtisse. De remarquables installations assurent également le chauffage à la vapeur de la maison et son éclairage au gaz.

Il va sans dire que nous croyons sans hésitation les connaisseurs qui affirment que la résidence du colonel Foster dépasse à tous points de vue ce qui existe dans les Cantons de l’Est, et même dans le reste du Canada. » (Traduction MCB)

Le monde illustré, 15 septembre 1894

Le couvent de Maple Wood, dont nous donnons aujourd’hui une vue, est agréablement situé sur le penchant d’une colline et à demi caché dans le feuillage d’un bosquet enchanteur, présente le plus charmant coup d’œil. Sa structure imposante, ses charmilles, ses sombres masses de rochers couverts de mousse et de verdure, ses larges allées de gravier aux contours gracieux, son jardin potager, sa source et sa fontaine aux eaux limpides et rafraîchissantes, font l’admiration de tous les étrangers qui visitent Waterloo.

Le bois d’érables qui l’entoure n’est pas artistique, c’est une petite forêt avec cet air sauvage qui charme, où sont étalés des pierres mousseuses, un gazon verdoyant au joli relief de fougère et où fleurs, plantes et arbrisseaux croissent et s’entrelacent avec cette spontanéité qui caractérise la nature.

À l’intérieur du couvent, le goût et le confort se disputent la première place. On y respire à l’aise dans ses beaux corridors ou l’œil contemple un panorama aussi varié que pittoresque qui se déroule jusqu’à l’horizon.

Ce pensionnat, dirigé par les Révérendes Sœurs du S. S. Noms de Jésus et de Marie, offre aux jeunes filles les plus précieux avantages tant sous le rapport de la santé que sous celui d’une éducation solide, utile et soignée. Le cours d’étude est suivi dans les deux langues. Rien n’est omis pour favoriser l’avancement des élèves dans les sciences ainsi que dans la pratique de la vertu.

Le voyage à Waterloo est des plus faciles : la station de Vermont Central est tout près du couvent et celle du Pacifique Canadien en est à quelques minutes de marche seulement.

Asa Belknap Foster, Waterloo et le couvent Maplewood

Jeunes étudiantes dans l’érablière du couvent, en 1928. (Fonds R. Parisien, SHHY)

Vers 1925, élèves dans les jardins de Maplewood. (Fonds R. Parisien, SHHY)

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  1. claude

    le manoir est-il ouvert.
    Merci de me répondre

  2. Johanne Rochon

    Bonjour Claude,
    Les propriétaires du manoir ont annoncé son ouverture ce samedi 14 mars, dans La Voix de l’Est.
    Salutations,
    Johanne

  3. Bonjour, ma grand-mère maternelle figure sur les photos. C’est la troisième de la rangée du haut en partant de gauche. Elle s’appelle Olida Brunelle. J’aimerais savoir si vous avez d’autres photos des jeunes filles qui fréquentaient le couvent à cette époque. Possédez-vous d’autres informations concernant la vie de ma grand-mère au couvent à cette époque ou peut-être que la communauté religieuse aurait des archives à ce sujet. Je serais intéressée. Ma mère vit toujours, elle a 83 ans. Cela lui ferait certainement plaisir d’en connaître plus sur la vie de sa mère au couvent.

  4. Ces extraits d’archives m’émeuvent particulièrement, car j’ai bien connu le couvent Maplewood entre 1944 et 1960. Je suis arrivé à Waterloo en 1944, à l’âge de 4 ans. Mon papa y a ouvert une pharmacie sur la rue Principale, la Robert Drug Store, une affiche anglaise car à cette époque il était impossible d’obtenir une annonce en français.
    Nous avons d’abord loué un chalet pendant l’été 54 sur l’île Ledoux. PUis nous avons déménagé en face du salon funéraire Ledoux je crois.
    J’allais l’hiver avec mes grands frères et ma petite soeur glisser au couvent Maplewood, en passant devant le High School où les méchants »bloks » et les méchants « french pea soup » se lançaient des cailloux, sans trop savoir pourquoi.

    Ma jeune soeur, Françoise Robert, est allée étudier chez les soeurs au couvent Maplewood dans les années 50.

    Nous allions jouer au tennis où le très connu François Godbout, adolescent, se mesurait à des adultes invités par son papa notaire.

    Et il y avait la famille du notaire Grandpré, qui arrivait à la messe du dimanche devant l’église dans sa rutilante Cadillac décapotable rose. Son épouse portait d’immenses chapeaux de grand style et toujours différents. C’était l’événement avant la messe.

    Il y avait aussi les jumeaux Fournier, Guy et Jean-Pierre. Leur grand-père tenait une cordonnerie et il m’a fabriqué des jambières de hockey avec des baguettes insérées dans du cuir. Je crois que le forgeron était aussi un Fournier.

    Nous

    Nous allions patiner sur le lac Waterloo pendant l’hiver. Des ouvriers coupaient avec de longs godendards des cubes de glace en faisant de longues tranchées sur la glace. Ils transportaient ces blocs sur des traîneaux tirés par des gros chevaux et les entreposaient dans un hangar pour l’été suivant, en les couvrant de « rip », de la sciure de bois achetées sans doute aux usines MacMolding ou Mc Donald, près du lac et de la plage, qui fabriquaient des planches.

    De cette ou ces usines émanait une forte odeur acide et ces usines polluaient le lac.

    NOus avions une glacière et une carriole tirée par un cheval apportait régulièrement des blocs de glace de porte en porte, laissant sur le pavé des traces de fonte de la glace. De même pour le laitier. Nous avions un grand poêle à bois et une « boîte à bois » qu’il fallait entretenir. Dans ce poêle on avait un réservoir pour l’eau chaude, et sur le dessus un réchaud. Nous faisions nos toasts sur les ronds de poêle. C’était le bon temps…

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