L’usine Stanley à l’École d’architecture (UdeM)

par Mario Gendron dans industrie, Patrimoine | Un commentaire

© La professeure Claudine Déom (à gauche) et une partie des étudiants du cours Patrimoine architectural et urbain de l’École d’architecture. (Comité d’aide à la conservation de la Stanley, photo Johanne Rochon, 2013)

Le cours Patrimoine architectural et urbain (ARC 3626), donné par la professeure Claudine Déom de l’École d’architecture de l’Université de Montréal (UdeM) à la session d’hiver 2013, a permis à 22 étudiant(e)s de présenter huit (8) projets ayant pour thème la reconversion de l’usine Stanley de Roxton Pond. À la demande de Johanne Rochon, directrice générale de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska et secrétaire du Comité d’aide à la sauvegarde de la Stanley, ces huit projets viennent d’être déposés à la SHHY. Parmi ces derniers, nous vous en présentons trois, choisis en raison de leur qualité et de leur originalité.

À la fin de 2012, informée par l’Association québécoise pour le patrimoine industriel (AQPI) de l’existence de la Stanley et des efforts du comité d’aide mis sur pied pour sauver l’édifice, Mme Déom, dans le cadre d’un cours donné à la session d’hiver à des étudiants de 3e année d’architecture, prenait la décision de proposer à ces derniers de réaliser des projets portant sur la revalorisation et la réutilisation de l’usine patrimoniale. Cette démarche académique incluait une visite guidée de l’ancienne usine de Roxton Pond. Animée par Johanne Rochon et Jacques Renaud du Comité d’aide à la sauvegarde de la Stanley, cette visite s’est tenue au début d’avril 2013 ; elle a permis aux 22 étudiants présents d’en connaître davantage sur l’histoire et la valeur patrimoniale de l’édifice Stanley et sur les actions du comité de sauvegarde pour en assurer la conservation et la réaffectation. À cette occasion, des centaines de photographies de l’intérieur et de l’extérieur de l’édifice ont été prises.  Quelques mois plus tard, la SHHY obtenait copie des huit projets architecturaux portant sur la Stanley. Croquis, dessins, montages photographiques, plans de l’usine et exemples de réalisations accompagnent tous les projets, donnant ainsi beaucoup de force aux thématiques et à l’argumentaire de chacun d’eux.

© La reconversion de l'usine Stanley, Mélissa Desnoyers et Nicolas Onfroy

Les étudiants de Mme Déom sont unanimes à reconnaître la grande valeur patrimoniale et architecturale de l’usine Stanley, et personne ne remet en doute la pertinence de sa conservation pour les générations futures. Certains, aiguillés dans leurs projets par les résultats d’une table de concertation tenue à l’automne 2012 regroupant divers intervenants de la municipalité, ont opté pour une vocation multifonctionnelle et socioculturelle du bâtiment. Ainsi, on compte cinq propositions pour la création d’un musée de l’outil et quatre qui concernent la restauration, auxquelles il faut ajouter salles polyvalentes et communautaires, espaces locatifs, auditorium, cabaret théâtre, terminus de transport et bibliothèque : toutes les possibilités et les combinaisons multifonctionnelles sont évoquées. Dans les circonstances, nous avons choisi d’exposer le projet qui nous semblait le plus représentatif de cette tendance hétérogène, Les Halles de la Stanley, de Sabrina Duquette, Marie-Ève Ouellet et Thomas Sowa.  Quant aux deux autres projets présentés ici, ils se particularisent en proposant une vocation unique pour le bâtiment. Dans le premier cas, il s’agit de Centre technologique Stanley, de Maude Rossignol et Simon Tremblay et, dans le deuxième, de Réservoir d’artisans, de Catherine Alexandre Lacombe et Ange Sauvage.

A) Les halles de la Stanley, de Sabrina Duquette, Marie-Ève Ouellet, Thomas Sowa.

Les Halles de la Stanley

© Les Halles de la Stanley, Sabrina Duquette, Marie-Ève Ouellet et Thomas Sowa.

Dans leur introduction, les trois auteurs soulignent l’importance de garder la mémoire de la fonction première du bâtiment, la fabrication d’outils. On note donc chez eux un souci évident de conserver l’âme des lieux, ou le « génie du lieu », comme ils le disent eux-mêmes, qui se trouve « dans les matériaux nobles et dans l’histoire ressentie en traversant l’architecture ». Afin d’être en mesure de valoriser le site, ils concèdent, cependant, que certaines interventions devront être faites sur le patrimoine : réparer la structure et restaurer la pierre, remplacer les fenêtres en conservant le même style, remettre en état les planchers de bois, entre autres travaux. Il faudra aussi éliminer quelques édifices secondaires et condamner la connexion du bâtiment avec l’usine voisine. De plus, les trois étudiants proposent de replacer le château d’eau, enlevé en 1985. Leur projet est complété par la création d’une place publique extérieure.

Le projet des trois étudiants se veut multifonctionnel, bien que son nom, Les halles de la Stanley, laisse supposer qu’il gravite autour de la vente des produits alimentaires, dont les emplacements commerciaux occupent la majeure partie du rez-de-chaussée de l’édifice. Quant au sous-sol, il est occupé par un restaurant, tandis que l’étage regroupe un musée de l’outil, des bureaux et une grande salle à caractère locatif.

B) Centre technologique Stanley, de Maude Rossignol et Simon Tremblay.


© Centre technologique Stanley, Maude Rossignol et Simon Tremblay

À la différence des autres projets, celui que proposent Maude Rossignol et Simon Tremblay s’inscrit sous le thème unique du développement technologique, c’est-à-dire que toute perspective multifonctionnelle en est écartée.  Leur projet s’articule autour de trois concepts : valorisation de l’édifice de la Stanley, développement durable et formation d’une expertise technologique en région. Ici, la proximité de Montréal et le rôle que joue la ville comme centre technologique nord-américain sont les deux facteurs primordiaux de l’approche. De fait, le projet compte mettre à profit les avantages inhérents à la position géographique de Roxton Pond, la municipalité étant située dans l’aire d’attraction de la métropole québécoise. Si la proposition des deux étudiants est peu explicite quant au mode de réalisation du projet, les arguments qui justifient leur démarche semblent solides et les éléments graphiques de leur travail sont très évocateurs. Voilà un projet aux retombées économique, sociale et culturelle considérables pour toute la région.

C) Réservoir d’artisans, de Catherine Alexandre Lacombe et Ange Sauvage.


© Réservoir d'artisans, Catherine Alexandre Lacombe et Ange Sauvage

Dans un esprit qui rappelle la vocation originelle de l’édifice, la proposition des deux auteures cherche à créer une synergie autour du travail manuel, de l’artisanat, des artistes et de leurs œuvres ; globalement, elle veut répondre à trois besoins : économique (redynamiser la ville), sociologique (condensateur social) et culturel (divertissement des habitants). De manière plus concrète, le projet repose sur un volet culturel et un volet plus économique. Ainsi, ateliers de cours, salles de classe, espaces événementiels pour les vernissages et les expositions et une galerie d’art partagent l’édifice avec des ateliers de peintres, de sculpteurs, d’imprimeurs, quelques petites entreprises, des entrepôts et — heureuse idée — un commerce de location d’outils. Selon les deux étudiantes en architecture, l’édifice serait bien adapté à cette nouvelle fonction et ne réclamerait qu’une intervention minimale ; parmi les qualités qui lui sont inhérentes, elles soulignent les très grands espaces de travail et un éclairage propice aux travaux manuels. La création d’un jardin contemporain dans la cour intérieure de l’édifice ajoute à la dimension environnementale et civique du projet.

© Résonance, Juliette Bailly et Grégory Eteve-Saure

Les huit travaux réalisés dans le cadre du cours Patrimoine architectural et urbain (ARC 3626), de l’École d’architecture de l’Université de Montréal (UdeM), session d’hiver 2013.

  1. Titre : Résonance. Auteurs : Juliette Bailly, Grégory Eteve-Saure. Propositions : école de musique, pépinière d’entreprises, locaux associatifs et communautaires, bistro, musée de l’outil.
  2. Titre : Centre technologique Stanley. Auteurs : Maude Rossignol, Simon Tremblay. Proposition : centre de technologie.
  3. Titre : La reconversion de l’usine Stanley. Auteurs : Mélissa Desnoyers, Nicolas Onfroy. Propositions : terminus de transport et bibliothèque municipale.
  4. © Roxton Pond revitalisée, Matthieu Cadaert et Yvanie Wilhem

    Titre : Roxton Pond revitalisée. Auteurs : Matthieu Cadaert, Yvanie Wilhem. Propositions : location de vélos, auditorium, écomusée, salle polyvalente, espaces locatifs, traiteur/restaurant.

  5. Titre : Réactiver le rural. Auteurs : Pierre-Charles Gauthier, Martin Tanguay. Propositions : espaces locatifs pour petites entreprises, écomusée de la taillanderie, restaurant, terrasse, espace événementiel et culturel.
  6. Titre : Les halles de la Stanley. Auteurs : Sabrina Duquette, Marie-Ève Ouellet, Thomas Sowa. Propositions : musée de l’outil, restaurant, terrasse, halles, place publique extérieure.
  7. © Réactiver le rural, Pierre-Charles Gauthier, Martin Tanguay

    Titre : Requalification du cœur du village. Auteures : Florence Gagnon, Juliette Estiot. Propositions : écomusée de l’outil, ateliers de lithographie et de sérigraphie, galerie d’art, salle des fêtes, restaurant, cafétéria, boutique de produits locaux, espaces locatifs.

  8. Titre : Réservoir d’artisans. Auteures : Catherine Alexandre Lacombe, Ange Sauvage. Propositions : entreprises artisanales diverses, entrepôts, location d’outils, salle d’exposition, ateliers d’artistes, cours de formation.

Mario Gendron

© Requalification du cœur du village, Florence Gagnon, Juliette Estiot

© Société d’histoire de la Haute-Yamaska

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  1. tres interessant — mais en toute verite les institutions anglophones historiques au Quebec vont disparaitre

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